
Rencontre avec Maëlle Chapuis-Mirol, chargée de mission transition écologique à CMA France. Elle nous rappelle l’importance de l’artisanat dans le secteur de la réparation.
Forte de 100 ans d’histoire, les Chambres de Métiers et de l’Artisanat (CMA) représentent les 2,4 millions d’entreprises artisanales de France,hexagonales et ultramarines. CMA France est la tête de réseau. Autant d’entreprises que de métiers variés (bâtiment, alimentation, services, fabrication) qui ont tous en commun un savoir-faire précieux… et souvent, une pratique de la réparation.
La réparation, une compétence au cœur de l’artisanat
Chez les CMA, la réparation n’est pas une activité annexe. Elle est inscrite dans l’ADN de nombreuses entreprises artisanales, même si elle n’est pas toujours mise en avant. « Réparer un objet, c’est d’abord savoir le fabriquer », rappelle Maëlle Chapuis-Mirol. Et c’est précisément ce que les Centres de Formation des Apprentis (CFA) du réseau CMA transmettent : une expertise technique dans des domaines clés (électricité, électronique, ameublement, couture) qui permet aussi de redonner vie aux objets.
Le réseau des CMA accompagne également les artisans dans la création d’entreprises ancrées dans l’économie circulaire. Près de 125 000 entreprises artisanales pratiquent aujourd’hui la réparation parmi leurs activités.
“Nous les aidons à structurer leur activité, à fixer leurs prix, à mieux se faire connaître”explique la chargée de mission transition écologique à CMA France.
Le label Répar’Acteurs, développé par la Chambre de métiers et de l’artisanat valorise ces professionnels engagés dans une réparation de qualité et de proximité.
Des actions concrètes pendant les JNR
Pendant les Journées Nationales de la Réparation, la CMA souhaite mobiliser son réseau pour mettre en valeur les métiers de la réparation. Et cela via la réalisation d’ateliers proposés par les artisans, permettant d’accueillir le public, y compris les écoles et la presse. La CMA souhaite aussi participer aux événements organisés par les collectivités, l’occasion de visibiliser le travail des artisans. Maëlle Chapuis-Mirol rappelle d’ailleurs un point crucial :
« souvent, la réparation est perçue comme une activité moins noble que la restauration ou la revalorisation, elle est donc moins valorisée. Pourtant, sans les artisans et leur savoir-faire, il ne serait pas possible d’atteindre les objectifs de la loi AGEC”.
Des défis majeurs pour renforcer la filière
En effet, malgré sa nécessité pour réduire notre empreinte environnementale, la réparation artisanale fait face à plusieurs obstacles. Il y a d’abord, la question de la rentabilité : le temps passé à diagnostiquer et réparer un objet est rarement couvert par le tarif facturé au client. Ensuite, l’évolution des produits : objets de mauvaise qualité, matériaux non réparables, obsolescence programmée, pièces détachées trop chères…
Enfin, le renouvellement générationnel. De nombreuses entreprises artisanales vont chercher des repreneurs dans les années à venir.
“C’est une vraie opportunité pour des jeunes en quête de sens : reprendre une entreprise de réparation, c’est s’engager pour la planète, pour des métiers non délocalisables” précise Maëlle Chapuis-Mirol
Vers une réparation plus simple, plus visible
Pour faire en sorte que la réparation devienne un geste éco-citoyen, la CMA souhaite agir sur l’offre et la demande. Sur la demande, il faut inciter le consommateur à réparer, il faut créer la demande de réparation, par des actions de communication, des actions de visibilisation. Le bonus réparation est un outil qui renforce cette demande mais d’autres améliorations sont possibles. Sur l’offre, c’est-à-dire lorsque le grand public cherche à réparer un objet, il faut pouvoir trouver un artisan et un endroit où le faire réparer. Ici, il s’agit davantage d’accompagner les professionnels à développer la réparation dans leurs activités et leurs ateliers. Et cela en gardant à l’esprit qu’il faut que cela soit intéressant pour eux en retour, qu’ils aient envie de promouvoir l’acte de réparation.
Artisanat et réparation : un maillage territorial unique
L’artisanat offre un atout incomparable : la proximité. Avec plus de 125 000 entreprises pratiquant la réparation réparties sur tout le territoire, l‘artisanat joue un rôle clé dans le maillage local de la réparation.
Elle travaille en lien avec les collectivités, les éco-organismes, les organisations professionnelles (FEDELEC, UNACAC, UNAMA), et participe aussi à de grands événements comme les Journées Nationales de la Réparation.
Changer de regard sur la réparation
L’image de la réparation a évolué. Pour Maëlle Chapuis-Mirol, elle est entrée dans le langage commun.
Cela s’explique par plusieurs facteurs. Le premier est l’évolution de l’image globale de l’économie circulaire qui répond aussi à une demande des citoyens. Il y a aussi une plus grande valorisation de nouveaux concepts, comme l’upcycling. On notera également l’adoption de nouveaux textes tels que la loi AGEC introduisant le bonus réparation. Ce dernier a permis de montrer que la réparation est au cœur de la transition écologique.
“Le métier de réparateur est en train d’émerger” et les pouvoirs publics se sont emparés du sujet.”
Réparer, un acte citoyen
« Réparer ses objets, c’est réparer un peu le monde » conclut Maëlle Chapuis-Mirol.
Dans une économie qui aspire à devenir plus circulaire, les artisans sont des piliers discrets mais essentiels, qui conjuguent savoir-faire, proximité et résilience. Grâce à eux, réparer redevient un réflexe, un engagement, un geste d’avenir.